A.T. Still, fondateur de l’ostéopathie, décrivait l’ostéopathe comme un mécanicien du corps, un ingénieur chargé de comprendre et de rétablir les équilibres. On lui reproche parfois un discours « vitaliste », notamment lorsqu’il écrivait que « les cellules du sang vont porter comme autant de petites graines de vie dans tout le corps ». Je comprends cette formule comme une métaphore physiologique : de la même manière que l’eau est indispensable à la vie des plantes, le sang est indispensable à la vie des tissus. Sans irrigation sanguine, il y a nécrose. Le sang est donc bien, littéralement, un vecteur de vie.
Là où je m’éloigne de Still, c’est dans son postulat théologique : pour lui, Dieu étant parfait, l’Homme créé à son image devait l’être aussi. Ainsi, toute dysfonction n’était qu’un accident à corriger pour retrouver l’état initial parfait. Or, la réalité biologique est différente : l’espèce humaine est imparfaite. Sa force réside dans la diversité et l’adaptation, pas dans une perfection originelle. Cette nuance change tout : l’ostéopathie ne peut pas tout résoudre, mais elle peut agir efficacement dans son champ, celui des dysfonctions mécaniques fonctionnelles.